L’urgence d’une épistémologie des sciences infirmières

Notre époque le réclamait sans doute. En France, nous sommes passés des sciences dites « infirmières » aux « sciences infirmières ». Le premier risque est d’empêcher le débat si nécessaire sur cet objet contre-intuitif que sont les sciences infirmières. Le second est celui de la performativité des énoncés et des raccourcis. La science n’a rien à y gagner et les métiers des soins ont tout à perdre de leur crédibilité.

Face à la décision politique

L’effort épistémologique est urgent.

L’arrêté du 6 décembre 2019 portant nomination des personnels enseignants-chercheurs en sciences infirmières au Conseil national des universités (CNU) pour les disciplines de santé, section 92, signé par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et de l’innovation, a de facto créé les sciences infirmières en France. Performativité et fait du Prince pour calmer l’agitation d’une profession en quête de leadership.

Passons sur les travaux attestés par les bibliographies des six personnes nommées par arrêté. Ces bibliographies sont, pour certaines, inexistantes ou peu fournies, et leur ensemble ne suffit pas à dégager l’unité conceptuelle d’une discipline. Nous y voyons l’indice que ce n’est pas la qualité scientifique mais simplement le statut universitaire pré-existant qui a présidé aux nominations. C’est tout à fait significatif d’une décision politique motivée par d’autres impératifs que ceux d’une épistémologie en émergence. Cette section du CNU a donc tout à bâtir et ne pourra compter que sur ses propres forces. Le corps médical est très partagé, sinon indifférent dans la plupart des cas, à cette création. Il ne sera pas un allié naturel et bienveillant. Le gouvernement annonce par ailleurs que, ceci étant fait, la structuration d’une filière Licence- Master – Doctorat (LMD) en sciences infirmières n’est pas à l’ordre du jour. Gageons que vu les moyens accordés aux universités, le nombre de postes d’enseignants-chercheurs en sciences infirmières sera proche de zéro, décevant les infirmiers titulaires d’un doctorat qui se présentent actuellement devant ces six personnes pour obtenir une qualification aux fonctions de maitre de conférences.

Les contraintes sont faites pour être dépassées. Nous y voyons l’opportunité de sortir de la logique gouvernementale top down qui s’est mise en place avec les premiers PHRI pour (enfin…) poser le problème de la construction disciplinaire, c’est-à-dire de l’épistémologie des sciences infirmières. Ce texte a vocation à promouvoir une logique bottom up, celle du labeur, de l’effort conceptuel, du débat scientifique, de la recherche et de la publication, du temps long de la controverse sur les résultats de recherches localisées au sein d’une discipline qui en a besoin pour se construire.

Les métiers du soin n’ont pas eu le pouvoir, ou la clairvoyance, d’imposer une science infirmière. Le pluriel en dit long sur l’émancipation encore à conquérir. Elles rejoignent ainsi les sciences de l’information et de la communication, les sciences de l’éducation et de la formation et d’autres, là où la science politique a réussi…

Les sciences infirmières pour la corporation des infirmières ?

Le rapport pragmatique au soin est constitutif de cette discipline, c’est sa force mais sans doute aussi sa faiblesse.

En Amérique du Nord et en Francophonie, les sciences infirmières fondent leur argumentaire sur l’autonomie revendiquée d’un exercice purement infirmier. Mais de quoi est faite cette autonomie au quotidien ? Au-delà des représentations naïvement corporatistes, pourquoi faudrait-il échapper au « pouvoir médical » ? Pour quelles raisons profondes, l’infirmier aurait-t-il besoin de se singulariser ? La qualité des soins en serait-elle améliorée ? Les sciences infirmières seraient-elles l’instrument du leadership d’une corporation ? Quel serait alors le risque de l’instrumentalisation de la science au bénéfice de la reconnaissance d’un métier ? Comme en Amérique du Nord, faudra-t-il franchir cette étape pour construire un argumentaire épistémologique recevable ? Faut-il vraiment qualifier une science du nom d’un métier ? Il serait absurde de penser la sociologie comme étant la science du sociologue et les sciences de l’ingénieur sont trop disparates pour être appropriées par un seul métier d’ingénieur ; elles sont simplement appliquées à des problèmes technologiques complexes. Nous soutiendrons ici, avec Michel Nadot, que la « nature » infirmière des soins n’existe pas. Les métiers du soin se sont historiquement constitués à l’aide de savoirs académiques et praxéologiques délégués par des groupes sociaux dominants. Le qualificatif infirmière renvoie plus immédiatement à une problématique sociologique de métiers qui se cherchent une identité, voire une identité de genre, au travers d’une pratique des soins et d’un développement scientifique de cette pratique.

Le qualificatif « infirmière » représente un obstacle linguistique et sociologique dont l’épistémologie devrait s’affranchir si l’ambition est bien d’acquérir une discipline, au sens scientifique du terme. La question mérite d’être considérée sous cet angle. A l’heure de la création politique d’une discipline sans unité conceptuelle et théorique évidente, il faut rappeler la finalité des sciences infirmières telle qu’elle est dépeinte dans les pays qui ont une antériorité sur la question. Par exemple, la ministre de la santé canadienne, l’honorable Aglukkaq, en 2011, prônait, avec l’assentiment de la profession, qu’une « meilleure intégration des données de recherche et des pratiques cliniques se traduira par de meilleurs résultats en matière de santé et une amélioration du système de soins de santé ». Quelle autonomie de pensée scientifique, la ministre accorde-t-elle aux sciences infirmières ? Pour le moins, l’équilibre entre autonomie acceptable et soumission au système social de santé est l’objet de négociations. L’enjeu d’émancipation sociale et scientifique réside aussi dans l’émergence d’une épistémologie solide. Le débat existe d’ailleurs aussi à l’intérieur de la communauté des soignants, avec ceux qui soutiennent que la pratique soignante est un « art » et que vouloir la rationaliser ferait perdre l’essence même du soin.

Pour une épistémologie des sciences infirmières

Si nous passons outre l’obstacle sociologique qui conduit à instrumentaliser la production scientifique, nous pouvons avancer sur le terrain épistémologique : en quoi les sciences infirmières sont-elles une science ?

L’épistémologie interroge les conditions de nature, d’origine et de portée des connaissances scientifiques, en relation avec les pratiques soignantes grâce auxquelles les sciences infirmières seraient valides. Ce n’est qu’ensuite que la discipline peut émerger et se structurer. Et si l’exercice des soins infirmiers requiert l’existence d’une discipline scientifique, alors c’est le métier qui se trouve défini à son tour, dans un renversement paradigmatique qu’il faudra bien envisager. Ce métier dispose alors, et alors seulement, des bases nécessaires pour un dialogue interprofessionnel avec les tenants d’autres disciplines du soin.

La perspective épistémologique est quadruple :

  • Une discipline ne peut se constituer sans un rapport étroit à l’histoire des pratiques qu’elle veut analyser et encadrer. Quelle est la source du savoir infirmier que la discipline voudrait modéliser ? Comment est-il formalisé, recueilli, transmis à son tour ? En quoi normalise-t-il la pratique soignante des infirmiers ? Le savoir infirmier est-il efficace, voire efficient, et dans quelles situations ?
  • Dans quelle perspective, une science a-t-elle d’ailleurs besoin d’une discipline qui viendrait se surajouter pour l’analyser et vouloir en assurer son développement ?
  • Quelle relation de proximité les sciences infirmières doivent-elles entretenir avec les sciences humaines et sociales ? Quelle relation de différenciation doivent-elles nourrir avec les sciences biomédicales ? Il y va de l’identité de la discipline et de ses rapports interdisciplinaires de bon voisinage.
  • Qui peut transmettre, enseigner aux prochaines générations, les sciences infirmières ? Les sciences infirmières, comme toute autre science suppose une formation à la recherche par la recherche. Cette formation s’acquiert avec le doctorat mais être diplômé en soins infirmiers (voire exercer encore une pratique soignante) est-elle une qualité sui generis ? Il en irait de la clôture professionnelle d’une discipline scientifique. L’enseignement des sciences humaines par des médecins aux futurs médecins est un précédent en la matière.

Autant de questions qui exigent des réponses et au moins l’effort de les considérer avec opiniâtreté. La place d’une discipline au sein du CNU n‘est pas acquise par arrêté ministériel. Elle se conquiert au fil des années, sur plusieurs décennies, comme le montre l’exemple des sciences de l’éducation.

Si l’intronisation n’est que le fait du Prince, alors la discipline est en danger, comme l’éphémère discipline de la criminologie avant elle, un Président de la République peut toujours défaire ce que son prédécesseur a décrété avant lui…

Vers une épistémologie des sciences infirmières

L’émergence des sciences infirmières a besoin d’une vision programmatique.

Les ressources conceptuelles existent et sont disponibles aujourd’hui. Ne prenons qu’un seul exemple, celui des propositions de Jean-Charles Haute « Vers un modèle théorique de la personne soignée », en 2007 : « L’approche théorique des soins infirmiers est basée sur l’idée que la personne soignée est un être différent des autres objets du réel. C’est un être construit, mais jamais fini ; c’est là ce que nous appellerons le paradigme constructiviste du savoir des soins infirmiers. La théorie qui applique ce paradigme fait appel à un ensemble de concepts tels que celui de personne soignée, de milieu. Ceux-ci sont reliés entre eux par des lois (des lois de fonctionnement). Ce sont ces concepts et ces lois qui permettent de lire le réel et de prédire l’évolution de la personne soignée ». Cette proposition peut abriter aisément d’autres « théories de soin » localisées en sciences humaines et sociales et reste suffisamment exclusive des théories biomédicales des pathologies.

Sur cette base, un programme de définition épistémologique peut voir le jour et il s’agit de réfléchir sur les quatre dimensions suivantes.

  1. Quelle est la syntaxe des théories en sciences infirmières ? Pour être valides, les théories et les concepts doivent présenter une structuration explicite et logique. Les théories en sciences infirmières permettent-elles de formuler les lois de la personne soignée ?
  2. Quels sont les champs d’application des théories en sciences infirmières ? Que permettent-elles d’’expliquer ou d’interpréter avec suffisamment de vraisemblance, sinon de vérité ?  Les objets de recherche doivent être formalisés et les théories doivent être de bonne portée, suffisamment explicatives voire prédictives, des phénomènes tombant dans leur champ d’analyse. Quelles sont les relations que l’on peut établir entre les observations empiriques et les construits théoriques ?
  3. Existe-t-il une ou des méthodes spécifiques aux sciences infirmières ? Présentent-elles un degré de rigueur et de maitrise suffisants, comparables aux méthodes utilisées par les autres sciences ? Ces méthodes sont-elles standardisées ou sont-elles susceptibles d’évolution ? Autorisent-elles la vérification d’hypothèses isolées ou plus générales ? Comment les biais méthodologiques sont-ils contrôlés ?
  4. Les sciences infirmières se distinguent-elles des systèmes de pensée profanes et de sens commun ? Dans quelles conditions provoquent-elles la rupture épistémologique attendue pour se distinguer des discours d’opinions et des croyances ? La connaissance peut-elle progresser, jusqu’où et dans quelles directions ?

Les sciences infirmières ne trouveront leur validité épistémologique que lorsque les scientifiques pourront proposer, dans le dialogue avec les autres disciplines, un discours autonome portant sur les liens que les sciences infirmières peuvent construire entre leur discipline, les objets techniques et l’évolution de la société, quand elles pourront élucider les conditions d’émergence des théories et des concepts qui leur sont propre et, enfin, de nommer leur propre système de valeurs.

L’enjeu de l’émergence des sciences infirmières est d’occuper désormais toute la place qui leur revient dans un contexte plus global encore que le contexte scientifique, celui du système de soin mondialisé.

Saul Alinsky, revival

A l’occasion du Colloque « Éducations critiques et épistémologies des Suds : Paulo Freire et les pédagogies alternatives, libertaires, transformatrices » organisé par le laboratoire Experice, en mai 2018, j’ai vécu l’étrange expérience de relire « Le manuel de l’animateur social » de Saul Alinsky. Continuer la lecture

Activité et apprentissages. Les manips radio aussi !

Accompagner dans l’action est la clef du succès en formation professionnelle. L’action peut se réaliser entre les murs de l’institut de formation, dans une salle de cours ou en laboratoire de simulation. Elle peut aussi se tenir lors de moments dédiés, en stage, ou dans toute autre circonstance de la vie professionnelle ou extra professionnelle. Continuer la lecture

Émotions et apprentissage

Les rapports de l’enquête quantitative et qualitative sont disponibles ICI.

Cette recherche « Émotions et apprentissage » repose sur l’idée que l’apprentissage en formation paramédicale et les émotions s’influencent réciproquement. Depuis Darwin, nous savons que les émotions sont universelles, présentes dans toutes les cultures, et qu’elles ont une finalité adaptative. Les émotions représentent des facteurs favorables ou défavorables à l’apprentissage en agissant sur les conditions environnementales et comportementales des étudiants. Les évaluations que les étudiants font de leurs apprentissages procurent des émotions et des feed-back sur la valeur des apprentissages et sur les stratégies cognitives à développer.

Pour un étudiant paramédical, l’apprentissage recouvre des évolutions complexes qui ne se limitent pas aux acquis mesurés en formation. L’apprentissage est une adaptation à l’environnement, il produit des interactions entre l‘apprenant et son milieu. Apprendre est un développement mais aussi une mise en cause des anciennes certitudes. Des émotions ne manquent pas de survenir tout au long de ce processus.

Photo credit: timefornurses on VisualHunt / CC BY-SA

Pour cette recherche, nous avons repris le questionnaire de Pekrun et de ses collaborateurs :  Achievement Emotions Questionnaire (AEQ) qui analyse les motions suivantes : l’anxiété, le plaisir, l’espoir, la fierté, la colère, la honte et l’ennui.

Dans une première phase de la recherche, nous avons collecté 4 000 réponses au questionnaire pour comparer les émotions perçues entre les CM et TD, d’une part, et avec les simulations de masse, d’autre part. Cette fois, il s’agissait de cibler spécifiquement le stage comme pourvoyeur d’émotions et d’examiner sa spécificité à coté des cours et des simulations de masse. Nous obtenons aujourd’hui un total de 5168 réponses valides.

Ce billet de blog  donne accès aux analyses transversales et spécifiques à certains établissements de formation. Il donnera également accès aux textes qui paraitront ultérieurement et aux propositions d’action de formation qui ne maqueront pas d’arriver. Des mises à jour sont donc encore prévues.

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La qualité ouverte et dynamique, une opportunité d’apprendre

En 2017, j’ai proposé une communication au Colloque Pratiques sociale et apprentissage (Laboratoire Experice, université de Paris 8 Saint-Denis) pour rendre compte de l’expérience toute fraîche de notre agence d’assurance qualité externe METH.I.S.Q

Je prenais appui sur notre activité de formation et de certification d’instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et d’instituts de formation d’aides-soignants (IFAS).

Le texte complet de la communication est téléchargeable ici.

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METH.I.S.Q., notre agence d’assurance qualité externe

Pour une qualité ouverte et dynamique

A l’invitation du CEFIEC (Comité d’entente des formations infirmières et cadres), j’ai présenté lors des 72 èmes journées nationales les principes et les modes d’action de notre agence d’assurance qualité externe METH.I.S.Q.

METH.I.S.Q. a été créée en 2016 pour certifier les consultants-formateurs indépendants et les centres de formation santé-social, suite à la parution du décret de juin 2015 relatif à la qualité des actions de la formation professionnelle continue. Continuer la lecture

Pour un management bienveillant et bientraitant

Il y a quelque temps, je m’interrogeais sur le management bienveillant et j’avançais quelques pistes d’action très raisonnables. Aujourd’hui, je suis sollicité régulièrement pour former les équipes de cadres au management bienveillant. Aperçu du programme… Continuer la lecture

Des séries télé hospitalières pour former des kinés

Dans les formations aux soins, la vidéo est aujourd’hui fréquemment utilisée avec des documentaires ou des captures vidéo en situation de travail. En revanche, les films de cinéma sont peu utilisés et les fictions, du type séries hospitalières, sont encore moins employées, pourtant l’éventail de situations relatif au soin est considérable. Les formateurs sont souvent réticents et rappellent que la fiction n’est pas la réalité. Certes, c’est noté…

À contre-courant, j’ai voulu montrer l’intérêt des séries hospitalières pour former des kinés 1ere année à l’anthropologie de la santé. Compte rendu d’expérience… Continuer la lecture

Joies et peines de l’apprentissage collaboratif à distance

Les difficultés ne sont jamais où on les attend, n’est-ce pas ? Pour apprendre et collaborer à distance, il faut des instruments pratiques, un contenu difficile mais motivant et le sentiment que l’on est taillé pour aller au bout de l’aventure. Retour d’expérience… Continuer la lecture

Le raisonnement clinique : un attracteur étrange

La diversité des approches autour des notions de raisonnement et de jugement clinique est notable, jusqu’à les faire ressembler de plus en plus à un « attracteur étrange ».

L’article qui suit a fait l’objet d’une deuxième version, plus académique, pour la revue Recherche en soins infirmiers de juin 2017, Le jugement clinique est un schème. Propositions conceptuelles et perspectives en formation.

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Tour de passe-passe (statistique) et auto-efficacité

Je m’intéresse depuis plusieurs années à l’auto-efficacité, notamment l’auto-efficacité au travail. Cette variable cognitive est un invariant anthropologique plus prédictif du comportement humain que les autres. La mesurer apporte une information précieuse sur l’effectivité des comportements mais aussi sur leur réussite probable. Intéressons-nous de près à sa mesure. Continuer la lecture

L’évaluation des IFSI devient réalité

Le jour où l’IFSI sera évalué par le HCERES

Une formation collective pour  s’y préparer ?

Février 2016, la feuille de route de la grande conférence de la santé « Accompagner le progrès en santé : nouveaux enjeux professionnels » engage les IFSI à ancrer leur démarche Qualité au sein de l’enseignement supérieur. Continuer la lecture

La recherche en soins infirmiers : la seule piste possible d’amélioration des pratiques ?

Les sciences infirmières sont en plein essor en France et les enjeux autour de cette discipline en émergence ne sont pas tous de caractère scientifique. Stratégiquement, il s’agit aussi d’assurer sans cesse une meilleure reconnaissance sociale à un métier qui, pourtant, est déjà l’un des métiers préférés des français. Valoriser la recherche se présenterait comme l’un des moyens d’assurer une plus grande autonomie aux métiers du soin. Continuer la lecture

Une formation à la didactique professionnelle

Rares sont encore les articles ou les comptes-rendus d’expériences de formation qui traitent d’auto-efficacité collective et de didactique professionnelle. Je reviens donc ici sur des actions de sensibilisation à la didactique professionnelle pour des équipes de formateurs en IFSI et les mesures de l’auto-efficacité collective, avant et après.  Ces formations se présentaient comme autant interventions destinées  au changement de pratiques pédagogiques. Continuer la lecture

J’ai renversé la classe inversée

Cette année, j’ai vécu une expérience renversante de formation. Plus fort encore que la classe inversée, j’ai renversé totalement mon enseignement à distance consacré à l’initiation à la psychologie cognitive pour les auditeurs du CNAM de Bretagne. Le slogan du cours était « un élève, cinquante professeurs ». Compte rendu à trois voix… Continuer la lecture

La notion de situation en didactique professionnelle

Cet article regroupe une partie de mes interventions lors de la journée nantaise de didactique professionnelle du 6 novembre 2015.

Aucune formation professionnelle ne saurait se plus se passer aujourd’hui de la notion de situation. Son utilité est indéniable pour guider le travail et les raisonnements qui accompagnent la performance au travail. La performance ou la compétence ne sont pas seulement le fait du sujet, ils tiennent à la relation entre le sujet et la situation. Continuer la lecture

Fécondation croisée de deux théories : la théorie sociocognitive et la conceptualisation dans l’action. Application à la formation à l’éthique du soin

Il y a dix ans, j’ai eu l’intuition que la théorie sociocognitive, développée en Amérique du Nord par Albert Bandura (2001) et de nombreuses équipes éclairait pour partie les comportements humains mais qu’une autre part des déterminants de l’activité humaine restait dans l’ombre. Il me semblait que la théorie de la conceptualisation dans l’action (Vergnaud, 1990), laquelle représente une des influences fondatrices de la didactique professionnelle, pouvait préciser certains déterminants purement internes au sujet dans sa relation aux situations de travail. Continuer la lecture

Journée nantaise de didactique professionnelle

Le 6 novembre 2015 se tiendra une belle journée de didactique professionnelle, organisée par le Département des instituts de formation (DIF) du CHU de Nantes.

Collaboration chercheurs-praticiens

En proposant le principe de cette journée, j’ai voulu mettre l’accent sur la rencontre entre les praticiens de la santé et les chercheurs. Concrètement, j’ai souhaité aller plus loin que la simple formule colloque où les chercheurs parlent et les praticiens écoutent et s’autorisent à poser une question à la fin de la communication. Continuer la lecture

« Faire l’expérience de… » n’est pas « avoir de l’expérience de… »

Cette conférence a été rédigée en vue de la journée du CEFIEC  de la région Alsace en octobre 2015 : « Novices, expérimentés : une rencontre intergénérationnelle à construire ».

Pour une approche intergénérationnelle de la compétence

Je voudrais vous parler de Laurence, pas forcément à propos de son Paris-Brest absolument divin ou de son curry d’agneau à Pâques.

Non, Laurence, est une amie, elle est aide-soignante dans son service de gériatrie depuis 20 ans, et c’est elle qui m’a suggéré le titre de cette intervention. Continuer la lecture

« Les usagers, voilà le problème ! » Et si vous repreniez un peu d’ergonomie cognitive ?

En formations médicale et paramédicale, le futur technologique est déjà là, disponible, sous nos yeux. En revanche, les usages, et surtout les usages prescrits, ne se manifestent jamais au niveau attendu par les développeurs. Ces derniers se concentrent sur les artefacts et ne peuvent pas toujours penser les usages et les obstacles dans l’usage. Continuer la lecture

Mon journal de bord. Ou comment j’ai appris à apprendre

Une formation à distance qui encourage le travail collaboratif produit-elle les apprentissages souhaités ? Tous les apprentissages visés ? Rien que ceux-là ? Et d’abord, des résultats pour qui ? Pour les promoteurs du dispositif ou essentiellement pour les apprenants qui y trouvent une source d’apprentissages incidents et non intentionnels ? Continuer la lecture

Les règles du jeu

Le travail est-il un jeu comme les autres ?

À l’évidence, non. Toutefois, le travail comme le jeu repose sur des règles qu’il faut bien interpréter. Une part de la compétence réside d’ailleurs dans l’interprétation des règles et dans la capacité du professionnel à mettre la situation à sa main. C’est indispensable à l’action efficace : le « sujet capable » joue avec la règle dans le but d’augmenter son « pouvoir d’agir » en situation. Continuer la lecture

Trouver son sujet en 30 minutes et une carte mentale

Vous n’en pouvez plus de votre problématique ? Votre mémoire commence à vous sortir par les yeux ? Vous ne voyez plus comment ordonner tout votre matériel ? Ne renoncez pas à votre mémoire,  pensez autrement. Pensez « réseau ». Voici une petite méthode personnelle qui me correspond bien. J’aime croire qu’une problématique se conçoit en 30 minutes.  Continuer la lecture

L’ETP et la créolité ? Pani problem, z’oreille !

L’éducation thérapeutique du patient (ETP) a pour but d’aider les patients à gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. C’est dire que les professionnels de l’ETP doivent composer avec les déterminants socio-culturels des patients, leur histoire, leurs manières de vivre sur un territoire humain. Les patients, tout comme les soignants, sont en fait, des personnes aux prises avec des cultures, des environnements et des modes d’interactions avec autrui. Il faut alors penser que changer d’aire culturelle modifie la compréhension de ce « processus continu, qui fait partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient » comme le rappelle la HAS. La question n’est pas souvent posée en ETP… Continuer la lecture

Valorisation de la recherche des cadres de santé formateurs

Les formateurs en IFSI désormais titulaires d’un master (ou presque tous…)

De nombreux cadres de santé formateurs exerçant en IFSI ou dans d’autres écoles paramédicales suivent et réussissent des masters, essentiellement en sciences de l’éducation. Quels sont les effets de ces nombreux départs en formation ? Les pratiques professionnelles changent-elles lorsque ces formateurs expérimentés reviennent sur les terrains ? Ont-ils acquis des connaissances nouvelles ? Leur professionnalisation a-t-elle été impactée ? Le master a-t-il été source de développement personnel et de construction de compétences ? Assurant moi-même la coordination d’un master 2 pour ces publics (master 2 IPFA, université de Paris-Ouest Nanterre la Défense), ces questions me trottaient dans la tête lorsque j’ai répondu à la sollicitation du CEFIEC, CER 2 en Île de France, pour animer une journée de présentation des recherches. Continuer la lecture

2014. Les bonnes résolutions de 17 Mars Conseil

Les bonnes résolutions mais aussi mes vœux à tous ceux que j’ai eu le plaisir de croiser pour une heure ou pour une plus longue collaboration en 2013.
Année riche en événements et en belles rencontres : la didactique professionnelle à la une mais aussi des chantiers de recherche ouverts, sans même que nous n’y prenions garde.
2014 commence aussi « Fast and furious » que 2013 s’est terminée, c’est dire…

Mes meilleurs vœux et portez-vous bien.

Voeux 2014

Mooc ITYPA. Une auto-efficacité très élevée

L’auto-efficacité à apprendre en contexte numérique a été mesurée parmi quelques  participants du mooc ITyPA. Les scores sont élevés, comparés à ceux d’une population témoin.  Serait-ce l’indice des effets vertueux du mooc ? Continuer la lecture

E-learning en formation initiale en soins infirmiers. Les conditions d’une réussite.

Quelles sont  les conditions pour concevoir avec succès des ressources de type e-learning destinées à des étudiants infirmiers ? Retour d’expérience d’une cadre de santé formatrice à l’occasion d’un master en sciences de l’éducation. Continuer la lecture

Construire son auto-efficacité, construire ses compétences

 Comment s’apprécie la réussite d’une formation professionnelle pour adultes dans les champs du travail social et de la santé publique et, plus particulièrement, quels sont ses effets sur les novices en phase d’insertion professionnelle ? Continuer la lecture

Développement du rôle propre infirmier et promotion de la santé

Ce blog accueille une nouvelle contribution invitée. Cette fois, la parole est donnée à une infirmière scolaire très concernée par « l’enracinement d’un processus de professionnalisation autour de l’éducation à la santé ». Les notions de rôle propre, de savoir infirmier, de développement professionnel sont au cœur de son travail de recherche. Continuer la lecture

Le référentiel en éducation thérapeutique du patient, un référentiel de plus (de trop) ?

Dans un précédent billet : Hâtons-nous lentement : le référentiel de compétences en éducation thérapeutique du patient j’annonçais la parution de notre article en octobre.
Comme le premier billet a été repris régulièrement depuis le printemps, c’est avec empressement que j’indique le lien vers notre article complet : Réflexions critiques sur la conception d’un référentiel de compétences en éducation thérapeutique du patient.
Par ailleurs, Recherches et Éducations est une excellente revue, son n°9 est passionnant : Violences de genre et violences sexistes à l’école. Tome 2. Je vous le recommande…

Homme invisible, pour qui formes-tu ?

Ce billet est une contribution à « L’apprentissage entre pairs : se former entre nous, par nous et pour nous », un article de Pédagoform.

Le titre de mon billet est emprunté au célèbre roman de Ralph Ellison où l’on y découvre que le Noir est l’homme invisible de la société américaine. Ici, par un étrange effet de l’apprentissage par les pairs, je m’interroge : le formateur devient-il invisible ? Est–il destiné à disparaitre ? L’apprentissage par les pairs va-t-il y contribuer ? Évidemment, ce ne sera pas le cas. Quoique… Continuer la lecture

Articuler dispositifs de formation et dispositions des apprenants

Dans ma petite bibliothèque personnelle, un ouvrage tient sa place depuis quatre ans. Codirigé par Geneviève Lameul, Annie Jézégou et Anne-Françoise Trollat, « Articuler dispositifs de formation et dispositions des apprenants » a été publié en mai 2009 par Chronique sociale.

Note de lecture pour vous faire partager ce coup de cœur pour le sujet et ses auteurs. Continuer la lecture

La suite de « Mais que font donc les documentalistes ? »

L’activité des documentalistes serait assez mal connue, voire peu reconnue. Une analyse comparative du travail des documentalistes des secteurs de la santé et et des formations agricoles publiques donne aujourd’hui quelques indications nouvelles et ouvre des perspectives aux revendications des réseaux de documentalistes. Continuer la lecture

L’approche humaniste de la relation éducative soignant – soigné

Les articles antérieurs sur l’éducation thérapeutique du patient traitaient essentiellement de l’ETP sous l’angle de l’analyse de l’activité ; pour moi, l’éducation thérapeutique du patient est une relation de service si particulière, si emblématique des situations de travail que son analyse interroge nos outils habituels en didactique professionnelle. Mais cet article est une contribution invitée. Nathalie Alglave, directrice des soins, directrice de l’Institut en soins infirmiers du CHU de Nantes, en est l’auteure. Continuer la lecture

Le brancardier, un manager ?

Le métier de brancardier n’est pas parmi les plus valorisés à l’hôpital. Pourtant, à y regarder de près, le niveau de complexité et d’autonomie est tout à fait remarquable. L’analyse de l’activité d’un brancardier a montré qu’il répondait à de nombreuses tâches implicites et qu’il prenait des décisions favorables à l’organisation des services et à l’interface avec le bloc. Sans son autonomie et sa capacité à faciliter le travail des soignants, les organisations de travail seraient moins fluides. Continuer la lecture

Sept bonnes raisons de former par la didactique professionnelle

Le contexte de réingénierie des formations paramédicales, de la formation des cadres de santé y compris, suppose de s’orienter vers la didactique professionnelle pour assurer une bonne cohérence avec ce qu’il est convenu d’appeler « l’approche par les compétences ». Sept raisons existent pour cela. Je les ai exposées lors d’une conférence organisée par l’Institut de formation des cadres de santé du CHU de Strasbourg. Continuer la lecture

Faut-il « un 12 pour écraser les mouches » (et l’EPP du DPC) ?

Le développement professionnel continu (DPC) est un nouveau dispositif destiné à promouvoir et réguler la formation des médecins et des paramédicaux. Tous les ans, il faudra « faire son DPC » désormais. Continuer la lecture

Hâtons-nous lentement : le référentiel de compétences en éducation thérapeutique du patient

L’éducation thérapeutique du patient est-elle une profession ? Un métier ? Une activité professionnelle ? Pas en France. Livrer un référentiel permettra-t-il de professionnaliser les intervenants en ETP ? Un certain nombre de ces intervenants d’ailleurs ne le souhaite pas, non pas qu’ils refusent de s’interroger sur la qualité des prestations qu’ils délivrent. Simplement, il ne leur parait pas nécessaire de passer par les fourches caudines d’un référentiel. Un de plus et après quatre années ? Continuer la lecture

Chercher ses clefs sous le lampadaire ? L’évaluation des compétences

Invité à traiter de l’évaluation des compétences par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche lors des 3e Rencontres de l’aide à l’insertion professionnelle des étudiants, j’ai proposé quelques repères méthodologiques aux 250 participants présents. Voici l’essentiel de mes propos. Continuer la lecture

Quel outil d’évaluation post-formation ?

Évaluer les impacts d’une formation est aujourd’hui une injonction fréquente. Toutefois, le développement de l’évaluation post-formation pose une série de questions qui interroge la stratégie de l’organisme de formation et la faisabilité de l’évaluation. L’évaluation post-formation est-elle si pertinente et contribue t-elle vraiment au pilotage des formations, à moyen et à long terme ? Apporte t-elle une plus-value par rapport à l’évaluation « à chaud », mise en place immédiatement après la formation ? Comment conduire l’évaluation post-formation rapidement, efficacement et avec efficience ? Continuer la lecture

Mémoire de travail en formation : 5 bonnes raisons de s’y intéresser

En marge d’un colloque auquel nous participions récemment, un formateur en IFSI m’interrogeait sur les formes pédagogiques destinées à favoriser la mémoire des étudiants.

Après avoir convenu que, dans certaines conditions, le cours magistral est encore une excellente manière de dispenser rapidement et efficacement des informations essentielles, notre conversation a glissé sur les stratégies de mémorisation des étudiants. La question est essentielle, elle met l’accent sur les capacités cognitives des étudiants mais elle renvoie tout aussi bien à la façon de conduire le cours par le formateur lui-même. Un cours efficace n’est pas seulement un cours actualisé et fondé scientifiquement, il doit être suivi d’apprentissages. Quitte à aider les étudiants à structurer l’information pour la rendre plus digeste… Continuer la lecture

L’analyse de l’activité. Une chinoiserie ?

L’activité est un jeune concept de 2500 ans. En effet, le parallèle est troublant entre le Tchouang-Tseu (IVe siècle av. J.-C.) et un ensemble très moderne de théories de l’agentivité, de l’action ou encore de la conceptualisation dans l’action. Continuer la lecture

Pouvoir d’agir et maîtrise des usages professionnels

Ma dernière parution

Son titre : Pouvoir d’agir et maîtrise des usages professionnels. Le tutorat par les pairs en formation de directeurs des soins.

C’est un chapitre tiré d’un ouvrage dirigé par Cathia Papi, publié en avril 2013 chez L’Harmattan : Le tutorat de pairs dans l’enseignement supérieur. Enjeux institutionnels, technopédagogiques, psychosociaux et communicationnels.

Présentation de l’ouvrage et résumé du 9ème chapitre Continuer la lecture

Au début était le sociocognitif…

J’enseigne dans une UE d’initiation à la psychologie cognitive. L’UE, en FOAD, rassemble des étudiants de métropole et d’outre-mer qui, a priori, ne se connaissent pas et ne se rencontreront peut-être physiquement jamais. J’ai donc mis en place un dispositif qui encourage les interactions pour combattre l’isolement et la solitude dans l’effort. Continuer la lecture

La compétence, de la norme au sujet stratège

Les référentiels de compétences sont-ils vraiment utiles ? (2/3)

Avec l’article précédent, nous avons exploré plusieurs définitions de la notion de compétence pour conclure, qu’en sciences de l’éducation tout au moins, nous disposions d’un relatif consensus autour de la notion.

Ce consensus indique que la compétence possède au moins deux dimensions. Continuer la lecture

La compétence, du cognitif au social

Les référentiels de compétences sont-ils vraiment utiles ? (1/3)

Cette première partie de l’article critique sur la production de référentiels de compétences donne quelques pistes pour s’accorder sur la nature de la compétence. Pour comprendre les problèmes spécifiques posés par la fabrication des référentiels de compétences, insatisfaisants parce qu’échouant à dire ce que la compétence sera véritablement en situation et donc manquant leur cible, celle de la normalisation des comportements et des performances, nous devons Continuer la lecture

Les référentiels de compétences sont-ils vraiment utiles ?

Les référentiels de compétences sont  produits sur un mode quasi industriel, chaque métier exigeant le sien. Mais quelle est leur valeur ajoutée ? Pourquoi faudrait-il un référentiel plutôt que rien ? Les référentiels de compétences sont indispensables pour organiser et planifier les acquisitions et les validations de compétences, nous dit-on. Pourquoi pas ? A ceci près que la compétence est émergente et labile. Son expression dépend des situations. Elle ne se résume pas au contenu d’un référentiel : le référentiel n’est pas la compétence. Continuer la lecture

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient (5/5)

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient. Analyser la coopération soignant-soigné.

Ce texte sera publié en 5 chapitres successifs et sera téléchargeable à l’issue du dernier numéro  :

1- Le contexte de l’éducation thérapeutique du patient

2- L’éducation thérapeutique du patient est une relation de service

3- Co-analyser l’activité d’éducation thérapeutique du patient

4- L’entretien de corégulation, proposition de méthode

5- Conclusion et bibliographie

L’article complet en .pdf

5  Conclusion

Il nous apparait, en conclusion que le processus de corégulation des entretiens d’éducation thérapeutique est essentiellement une démarche d’élicitation. Le but de la démarche, dans le contexte d’une relation de service si particulière, est d’amener autrui à statuer sur des hypothèses qui concernent, de part et d’autre, les moyens d’une coopération efficace. En quelque sorte, il s’agit d’arracher à l’autre sa part de vérité pour réguler les actions des deux protagonistes. Continuer la lecture

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient (4/5)

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient. Analyser la coopération soignant-soigné.

Ce texte sera publié en 5 chapitres successifs et sera téléchargeable à l’issue du dernier numéro :

1- Le contexte de l’éducation thérapeutique du patient

2- L’éducation thérapeutique du patient est une relation de service

3- Co-analyser l’activité d’éducation thérapeutique du patient

4- L’entretien de corégulation, proposition de méthode

5- Conclusion et bibliographie

4         L’entretien de corégulation, proposition de méthode

Dans les entretiens de régulation, nous conservons des modes d’analyse de l’activité en vigueur les traces de l’activité, traces écrites, matérielles ou vidéo de l’activité pour ne pas en être réduit à des souvenirs, c’est-à-dire des reconstructions mnésiques a posteriori. Nous proposons également que l’analyse soit facilitée, ou guidée, par un chercheur ou un formateur. L’expérience de nombreuses analyses du travail montre combien l’effort de l’acteur est intense pour dépasser le niveau préréflexif et produire un discours consistant sur son activité. Il y a beaucoup à faire et à chercher sur les logiques de développement professionnel en situation de service, notamment du coté de la formation des compétences des professionnels ou des transactions identitaires (Piot, 2009). Continuer la lecture

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient (3/5)

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient. Analyser la coopération soignant-soigné.

Ce texte sera publié en 5 chapitres successifs et sera téléchargeable à l’issue du dernier numéro :

1- Le contexte de l’éducation thérapeutique du patient

2- L’éducation thérapeutique du patient est une relation de service

3- Co-analyser l’activité d’éducation thérapeutique du patient

4- L’entretien de corégulation, proposition de méthode

5- Conclusion et bibliographie

 3 Co-analyser l’activité d’éducation thérapeutique du patient

L’éducation thérapeutique du patient est un processus d’interaction entre deux expertises, celle du patient et celle du soignant, mais nous avons vu également que le but de la confrontation réside dans la co-construction d’un changement de comportements du patient. Il est aussi possible, en cours de processus, que le patient décide d’assumer les risques au nom de la qualité de vie qu’il souhaite préserver. Continuer la lecture

Évaluer les compétences avec des cartes mentales. C’est possible ! (2/2)

Cet article est publié en deux fois.

Première partie : Le problème de l’évaluation des compétences en formation paramédicale

Deuxième partie : Evaluer les compétences avec les cartes mentales : proposition de méthode.

 Les cartes mentales, de quoi s’agit-il ?

Les cartes mentales, ou topogramme ou Mind Map font référence aux travaux sur la représentation spatiale de concepts (Buzan & Buzan, 2012) dès les années 1970. Une carte mentale n’est rien d’autre qu’un schéma arborescent, à partir d’un centre, dont naissent différentes branches avec leurs mots-clés. Les cartes mentales possèdent deux dimensions essentielles : des nœuds et des liens d’une part et une structure hiérarchique des concepts d’autre part. Continuer la lecture

Évaluer les compétences avec des cartes mentales. C’est possible ! (1/2)

Cet article est publié en deux fois.

Première partie : Le problème de l’évaluation des compétences en formation paramédicale

Deuxième partie : Evaluer les compétences avec les cartes mentales : proposition de méthode.

Utiliser les cartes mentales pour évaluer les compétences est une idée assez peu répandue mais qui commence à faire son chemin à mesure que l’usage des cartes mentales se diffuse. La percée est encore timide dans les formations paramédicales. Souvent la complexité de la notion de compétence est mise en avant, quant à l’évaluation des compétences, ce serait encore pire. Ce blog traite régulièrement de ces questions.

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L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient (2/5)

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient. Analyser la coopération soignant-soigné.

Ce texte sera publié en 5 chapitres successifs et sera téléchargeable à l’issue du dernier numéro :

1- Le contexte de l’éducation thérapeutique du patient

2- L’éducation thérapeutique du patient est une relation de service

3- Co-analyser l’activité d’éducation thérapeutique du patient

4- L’entretien de corégulation, proposition de méthode

5- Conclusion et bibliographie

 

2- L’éducation thérapeutique du patient est une relation de service

L’éducation thérapeutique du patient possède les dimensions essentielles d’une relation de service. D’une manière générale, les activités de service se caractérisent par une forte dimension langagière et relationnelle, ce qui ne permet pas d’ailleurs d’en mesurer facilement les effets. Les activités de service sont en lien avec les « situations de service », déjà analysées par l’ergonomie. En 1998, Pierre Falzon et Solange Lapeyrière soulignaient que les relations de service s’établissent autour d’un objet commun, d’une inégalité de moyens physiques ou cognitifs entre les protagonistes mais de l’existence de moyens complémentaires pour chacun d’entre eux. La relation d’aide prend place au sein d’une institution qui règle socialement l’interaction en termes de disponibilité attendue et d’engagement dans la relation (Falzon & Lapeyrière, 1998). Continuer la lecture

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient (1/5)

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient. Analyser la coopération soignant-soigné

Résumé

Le courant de recherche en didactique professionnelle sur les relations de service (activité pour et avec un autre) est désormais très actif. Nous nous inscrivons dans ce courant et nous examinons ici une activité de service tout à fait particulière : l’éducation thérapeutique du patient. Nous mettrons l’accent sur le travail avec un autre : le patient, ce qui nous fera découvrir l’importance de la coopération soignant-soigné. Ce facteur conditionne structurellement une relation de service du type « éducation thérapeutique du patient ».

Nous proposons une méthode, celle des entretiens de corégulation, en phase avec les caractéristiques de cette relation de service. Le patient y tient sa place, à la différence des autres méthodes d’analyse de l’activité qui ne mobilisent que les professionnels, les experts et, parfois, la communauté professionnelle.

La méthode est décrite. Ses bénéfices sont ceux de l’élicitation des connaissances, des concepts organisateurs et des règles d’action en situation de coopération et de gestion de la « santé-dans-la-maladie » (Ellefsen, 2010).

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La fin des organismes de formation ? Oui, mais pour qui ?

 

La critique envers les centres de formation est récurrente, et à juste titre, sans doute. En fait, la critique dépend essentiellement du point du vue duquel on se place. Par exemple, pour les autodidactes, les centres de formation sont des institutions dont ils n’ont pas eu ou voulu l’usage. C’est une sorte de luxe cognitif après tout… Mais pouvoir apprendre en mobilisant les ressources des institutions sans les institutions éducatives elles-mêmes n’est pas à la portée de tout le monde. Continuer la lecture

Comment les IFSI seront intégrés à l’université en 2013

Le rapport Berger au Président de la République a été remis hier, 17 décembre. Aux termes des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, le rapporteur général Vincent Berger a commis un… rapport. Les Assises ont été jugées souvent bien ternes, d’aucuns y ont vu une sorte de rituel obligé mais la nécessaire concertation républicaine l’exigeait surement. Après tout, l’enseignement supérieur se plaignait d’avoir été si peu écouté, sinon entendu, ces dernières années. Des voix ( EducPros.fr) s’élèvent déjà, déçues du rapport. La presse s’en fait l’écho. Continuer la lecture

L’évaluation des compétences, concepts et méthodes

L’AP-HP a organisé mardi 27 novembre 2012 une journée sur l’évaluation dans le cadre de l’approche par les compétences. J’y ai contribué.

L’évaluation des compétences est encore aujourd’hui une pratique pédagogique risquée. Nos fondements méthodologiques de l’évaluation sont-ils vraiment fiables ? Avons-nous une vision de la compétence suffisamment solide ? Permet-elle d’apprécier les dimensions cognitives, psycho-sociales et stratégiques de la compétence ? Continuer la lecture

Classe ouverte en didactique professionnelle, suite

Des cadres de santé formateurs et des responsables de formation suivent actuellement un master 2 en ingénierie pédagogique : IPFA à l’université de Paris-Ouest Nanterre la Défense.

Avec cette promotion, nous avons mis au point une formule d’apprentissage ouverte sur le monde. Enfin… au moins sur twitter…

Dans l’UE Ingénierie didactique, nous travaillons des textes sur l’analyse de l’activité et ses usages en ingénierie didactique professionnelle. Continuer la lecture

Zotero et mon blog

Le quart d’heure techno, c’est maintenant…

J’utilise ordinairement Zotero pour gérer mes 1100 références. C’est indispensable lors de l’écriture d’articles : le formatage de la bibliographie aux normes APA ne me passionne pas plus que cela et Zotero s’en charge agréablement pour moi. Or, il m’est déjà arrivé d’indiquer des références bibliographiques lors d’articles précédents sur ce blog. Continuer la lecture

Variables didactiques et simulation

Ceci est un message personnel pour une étudiantes en L3 à laquelle je n’ai pas pu répondre. Mon blog était en en vrac. Ça arrive le samedi soir…. et ça s’arrange en général avec un peu de maintenance percussive.

Je suis infirmière et je veux devenir formatrice : où sont mes « variables didactiques »  ?

Si un jour, un prof vous demande de contrôler vos variables didactiques en situation de simulation, je le reconnais, cela semble bizarre… Mais si vous lui dites que vous préparez votre dossier  sur la toilette complète au lit, il se le tiendra pour dit. Vous avez gagné quelques minutes pour réfléchir… Continuer la lecture

Les comportements de santé, vers une compréhension globale et humaniste

Si « La santé publique est l’art et la science de promouvoir la santé, de prévenir les maladies et de prolonger la vie grâce aux efforts organisés de la société », comme le définit l’OMS, alors notre compréhension des faits de la santé publique doit être résolument pluridisciplinaire. La connaissance des comportements de santé ne se réduit pas à une seule approche, si spécialisée fusse-t-elle.

Mooc ITyPA. J’ai décidé d’apprendre. Devinez quoi ?

 

Debout 6 heures, couché 23 heures. Voilà des bonnes journées consacrées à l’apprentissage, le mien et celui des autres. Donc, finalement plutôt celui des autres. Le mien est une condition de celui des autres mais, de temps en temps, je passe mon tour. Je me demande bien pourquoi de 23 heures à 6 heures, je ne peux faire autrement que réparer ma force d’apprentissage personnel… Donc, c’est décidé : un peu à mon tour ! A une heure de la troisième visioconférence d’ITyPA, il serait temps…

Quels sont mes besoins, mes envies, d’apprentissage ?

Si vous lisez ce texte, c’est que vous êtes sur mon blog (eh, eh…). J’ai ouvert ce blog au creux de l’été parce qu’un bidouilleur confirmé m’a installé wordpress sur un serveur. Tant qu’il pouvait faire les installations et les réglages, tout allait bien. Mais les ardeurs estivales se refroidissent avec les premiers brouillards. Aujourd’hui, je ne veux pas attendre le réchauffement climatique et je veux ouvrir le capot, mettre les mains dans le cambouis du html.

Je me pose des questions sûrement triviales à propos de deux chantiers. Voici lesquels. Continuer la lecture

Mais que font donc les documentalistes ?

J’ai conduit une étude en septembre 2012 sur les pratiques professionnelles des documentalistes. Plus exactement, je me suis intéressé aux activités méta-fonctionnelles. Les résultats de l’étude sont téléchargeables ci-dessous.

Sous le vocable d’activités méta-fonctionnelles sont visées des activités marginales, non reconnues souvent, mais finalement essentielles pour l’efficacité quotidienne. Ces activités cachées et pas toujours assumées ouvrent la voie de la compétence. Agir et raisonner dans l’action pour transformer notre environnement et résoudre les problèmes professionnels , c’est fonctionnel. Mais quand nous observons, comprenons, déduisons, synthétisons et ordonnons dans un ensemble de significations, mais aussi quand nous construisons nos instruments cognitifs et même parfois matériels, alors nous agissons sur un plan méta-fonctionnel. Continuer la lecture

Pédago ou techno ? Trop simple…

De Pedagoform au mooc #ITYPA, vers une pédagogie enrichie ?

L’article de Pédagoform « La technologie doit elle préfigurer la pédagogie ? » est à prendre au sérieux. Cette question est récurrente. Elle est vivace et robuste. Le mooc ITyPA la pose d’ailleurs à grande échelle : faut-il apprendre les technologies ou les technologies nous permettent elles d’apprendre ? Media et medium confondus ? On ne peut pas éviter de se la poser ; elle est redoutable parce que son point de vue est fort : la technologie doit elle pré-figurer la pédagogie ? Peut-elle « figurer d’avance » ? Doit-elle représenter d’avance la pédagogie ? La figure est la forme extérieure d’un corps, son apparence, sa contenance. La technologie a t elle l’apparence de la pédagogie en même temps que sa figure ? Est-elle en avance et sur quoi ? Continuer la lecture

Comment tenir le coup dans le mooc #ITyPA

Je suis inscris au mooc ITyPA pour ne pas rater l’événement ! Mais aussi parce qu’un des mes projets d’apprentissage va voir le jour à cette occasion. C’est le plus motivant et ce sera le sujet de mon prochain billet.

Ceci dit, je sais très bien qu’être motivé ne suffit pas pour tenir la distance. Quels sont les facteurs qui vont favoriser ma persistance dans les apprentissages ? Comme tout le monde, je ne manque pas d’occupations personnelles et professionnelles, avec toutes les urgences, les vraies, les fausses, et les distracteurs qui encouragent ma procrastination naturelle. J’équilibre un peu ma procrastination par de la sérendipité mais tout de même… Continuer la lecture

Venez apprendre avec nous ! Didactique professionnelle et classe ouverte

Des cadres de santé formateurs et des responsables de formation suivent actuellement un master 2 en ingénierie pédagogique : IPFA à l’université de Paris -Ouest Nanterre la Défense.

Avec cette promotion, nous avons mis au point une formule d’apprentissage ouverte sur le monde. Enfin… au moins sur twitter…

Nous avons besoin de vous. Que pouvez-vous faire ?

Dans l’UE Ingénierie didactique, nous travaillons des textes sur l’analyse de l’activité et ses usages en ingénierie didactique professionnelle. Les étudiants rédigent une fiche de lecture déposée sur notre espace de travail collaboratif. Ils réalisent ensuite une vidéo diffusée par les réseaux sociaux. Voir les liens ci-dessous.

Lorsque nous nous retrouverons mardi 9 octobre, chaque étudiant présentera sa fiche lors de la séance d’une heure trente. Deux discutants ont été nommés, ils auront lu attentivement la fiche. Ils sont chargés d’apporter des éléments critiques ou des données complémentaires lors du débat.

Nous comptons sur vous, si vous avez un peu de temps mardi, pour apporter vos questions et vos commentaires via Twitter et le hashtag #IPFA13 . Vous pouvez aussi laisser des commentaires sur ce blog.Un discutant sera chargé du live tweet. Ça nous fera plaisir.

 

A suivre mardi

Jocelyne. 9h 30 – 11 h

Texte : SIX-TOUCHARD B., CARLIN N. (2003). Impacts de l’auto-analyse sur les opérateurs et leur travail. Actes du 38 eme congrès de la SELF Modèles et pratiques de l’analyse du travail 1988-2003 15 ans d’évolution. pp 513 – 521.

Sa vidéo

Catherine. 11 h 15 – 12 h 45

Texte : SAVOYANT A. (1996). Une approche cognitive de l’alternance, CEREQ, Bref, 118. pp 1-4.

Sa vidéo

Isabelle. 13 h 45 – 15 h 15

Texte : SAVOYANT A. (2005). La professionnalisation des personnels infirmiers. Marseille : EQUAL – TRANSFERTS

Sa vidéo  

 Marie-Christine 15 h 30 – 17 h

Texte : PASTRE P. (2002). L’analyse du travail en didactique professionnelle. Revue Française de Pédagogie, n° 138, p. 9-17

Sa vidéo

 

Les liens seront mis à jour d’ici mardi.

Merci de votre participation. Venez apprendre avec nous !

Les 5 conditions pour apprendre collectivement au sein du mooc #ITyPA et… ailleurs

 

Le mooc ITyPA commence demain. J’ai hâte de rejoindre ce « massive online open course », gratuit, ouvert à tous. Une sorte d’auberge espagnole mais néanmoins francophone. On y trouvera à boire et à manger, ce qu’on voudra y apporter, au moment où on le voudra. On prend son pique nique s’il est numérique : le connectivisme est l’entrée, l’internet le plat de résistance et le social learning le dessert. On en est encore à l’apéro mais les participants commencent déjà à se causer. C’est bon signe, en plus d’être agréable, mais allons-nous y apprendre quelque chose ? Oui, à cinq conditions près. Continuer la lecture

Votre compétence est-elle critique ou experte ?

 

Qu’est qu’une compétence critique ?

Les compétences dites critiques sont définies comme « les compétences acquises par un individu au cours de son expérience, et qui font de lui quelqu’un d’irremplaçable dans certaines tâches » (VERGNAUD G., 1998) et il ajoute que « le caractère critique d’une compétence ne se mesure pas seulement au caractère difficilement remplaçable de l’individu qui la possède mais aussi à la difficulté qu’il y a à l’acquérir », ce qui explique que tous les professionnels n’en disposent pas et tout particulièrement les professionnels novices. Les compétences critiques font donc la différence entre les individus et elles représentent un des enjeux de la professionnalisation des individus.

 

Développer une compétence critique est l’apanage de l’expert, entendu comme un professionnel de haut niveau, reconnu comme particulièrement compétent. En dépit de cette définition sommaire, ou plutôt à cause de cet énoncé, il est particulièrement malaisé d’utiliser le terme d’expert. Il n’existe pas de ligne franche de séparation entre le novice et l’expert. Certes, les experts ont un niveau de compétence plus élevé que celui des novices, ce qui ne veut pas dire que Continuer la lecture

Héritage et passage. Sur l’Arche-0-pédagogue

Jean-Marc,@JmarcFJ, consultant en stratégie de formation, est le promoteur d’une idée, celle de « l’Arche O pédagogue ». Née d’un brainstorming improvisé sur Twitter, cette idée n’est sûrement pas si futile que les premiers échanges amusés ont pu le laisser croire.

Comme Jean-Marc m’assure par avance de sa reconnaissance si j’exerce mon œil critique sur l’Arche O pédagogue, je me sens autorisé à contribuer à ce projet.

Tout d’abord, le projet a besoin de sortir de ses limbes et de se révéler en pleine lumière. De quoi s’agit-il ? D’une « arche aux pédagogues » ? Cette arche serait patiemment construite des connaissances significatives. La valeur de ces connaissances tiendrait d’ailleurs plus à leur utilité future qu’à leur usage passé ; on peut rêver encore un peu. A moins qu’il ne s’agisse d’une entreprise de réhabilitation des « archéopédagogues », communauté encore vivace à laquelle je me sens parfois appartenir. On est toujours l’archéo de quelqu’un et… tant mieux. L’obsolescence programmée de nos Ibidules risque bien d’être celle des pédagogues branchés s’ils ne se méfient pas.

Avec ce projet d’ « Arche O pédagogue », deux interrogations fondamentales se présentent à nous : Continuer la lecture

Rendre le management bienveillant (3/3)

 

Cette série sur le management se compose de trois articles :

  1. Le monde enchanté (et ridicule) du management durable
  2. Le manager hospitalier, ce héros moderne.
  3. Rendre le management bienveillant.

et le descriptif de la formation « Management bienveillant »

 

Rendre le management bienveillant

Dans l’article précédent, j’ai critiqué sans ménagement le management durable. Reste donc à ne pas mener uniquement une entreprise de destruction mais à proposer une voie plus constructive. Si seulement, le management hospitalier pouvait évoluer vers un peu plus de bienveillance, pour ne pas dire de bientraitance

 Manager, c’est ménager

Comme souvent l’étymologie est d’un grand secours lorsque nous sommes en perdition sémantique. En effet, manager consisterait à ménager ses collaborateurs mais aussi les usagers et, pourquoi pas :  l’ensemble des bénéficiaires de l’action, directs ou indirects. Ménager ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire le ménage, mais ceci est une autre histoire…

Pourquoi faudrait-il les ménager ? Nous vivons dans des organisations où la ressource principale est humaine et symbolique avant que d’être matérielle. Celles-ci sont du genre fragile mais elles représentent l’axe stratégique du développement de nos organisations. Bien entendu, le rappeler encore et toujours est un truisme dont on ne se lasse pas ; nous devrions pourtant nous interroger sur le style de management requis pour mettre en œuvre cette pétition de principe ainsi que sur les compétences des cadres pour réussir dans ce cas de figure. Continuer la lecture

Mooc #ITyPA Ce sont les participants qui font le cours

Le premier MOOC francophone !

Cette fois, nous n’avons plus d’excuse du genre « Je ne parle pas vraiment anglais parce que j’ai porté tous mes efforts sur le pama-nyungan. C’est désolant mais je n’ai pas pu suivre ce qui se passait outre-atlantique ».  Allez, c’est fini, maintenant : on se met au travail avec les québécois, les belges, les ivoiriens, les vietnamiens, les libanais, les suisses,  les bretons et quelques autres…

Rejoignez donc le MOOC ITyPA. En clair, le cours en ligne ouvert à tous (massive open online course) « Internet : tout y est pour apprendre » (ITyPA).

Déroulement du cours | MooC ITyPA.

A la lecture du programme, il semble bien que ce cours sera ce que nous voudrons bien en faire. Tant mieux.  je vais d’ailleurs y inscrire les quelques représentations de la génération Y qui trainent dans mes environs. A part facebouquer, que connaissent-ils de l’Internet ? Sans même parler de l’usage rudimentaire d’un traitement de texte…

Bien entendu,  des voix s’élèvent et appellent à la raison. Voir par exemple, l’article de Marc Bousquet  Good Mooc’s, bad Mooc’s. Les MOOC ne font pas apprendre ceux qui n’ont pas envie et l’éducation attire toujours autant la recherche de profits. Raison de plus pour mettre l’accent sur les pratiques sociales d’apprentissage. L’apprentissage est le résultat d’une démarche active, réfléchie et partagée.

Bon MOOC à tous.

« A la recherche d’une documentation spécifique en santé : les outils du web 2.0 au service de la qualité des soins »

Les Journées annuelles du Réseau National des Documentalistes Hospitaliers sont annoncées là :  « A la recherche d’une documentation spécifique en santé : les outils du web 2.0 au service de la qualité des soins » – Portail Santé Nord – Pas-de-Calais.

J’aurai le plaisir d’y participer et de proposer une conférence sur l’activité des documentalistes.

Si vous appartenez à ce beau métier, n’oubliez pas de répondre à l’enquête préalable. Je donnerai les résultats lors de la conférence. Déjà 138 réponses en provenance du secteur santé et du secteur agricole. Pas mal du tout.

Le manager hospitalier, ce héros moderne (2/3)

Cette série sur le management se compose de trois articles :

1 – Le monde enchanté (et ridicule) du management durable

2 – Le manager hospitalier, ce héros moderne

3 – Rendre le management bienveillant

 

Le manager hospitalier, ce héros moderne

Avec l’article précédent, j’avançais l’idée nous étions obsédés par une politique du chiffre (voir Homo Economicus de Daniel Cohen) et que les réformes hospitalières à flux tendu aboutissaient à importer le style managérial du privé, à but lucratif, dans le public. Les cadres, en bons petits soldats, sont les premiers exécutants de ces réformes, sans accéder toujours au sens même de ces réformes. Marisol Touraine affirme vouloir remédier à la remise en cause du service public hospitalier due à la loi HPST. L’hôpital n’est pas « une entreprise privée » et l’équilibre entre rôle des soignants et direction a été rompu, dit-elle.

L’époque demande beaucoup aux cadres de santé, hommes et femmes à tout faire, bons à gérer tous les paradoxes sans mot dire et sans maudire. Bardés de compétences, armés d’une déontologie sans faille, motivés pour faire face à l’impossible, décidés à réussir là où l’institution a fait échouer leurs collègues plus anciens, ils possèdent des personnalités attachantes. Leur auto-efficacité face à l’adversité n’est pas la moindre des ressources qu’ils constituent en formation. Continuer la lecture

Le monde enchanté (et ridicule) du management durable (1/3)

 

Cette série sur le management se compose de trois articles :

  1. Le monde enchanté (et ridicule) du management durable.
  2. Le manager hospitalier, ce héros moderne.
  3. Rendre le management bienveillant.

 

Le monde enchanté (et ridicule) du management durable

A chaque tentative de m’informer sur le développement durable à l’hôpital, mes interlocuteurs me saluaient invariablement d’un joyeux « Bienvenue chez les Bisounours !» Décourageant ou stimulant ? Après tout, un Bisounours est une sympathique créature qui ne voit que les bons cotés de l’humanité et un peu de candeur n’a jamais fait de mal.

La candeur et les bons sentiments sont-ils compatibles avec le management ? C’est sérieux, le management… Gérer un collectif n’est pas tout à fait l’affaire des enfants… Surtout si les managers les plus réalistes se focalisent sur les taux (l’étau ?) : « un chiffre, sinon rien ». L’hôpital ne manque ni de managers et de cadres « de proximité » (proches de quoi ?) ni de chiffres invérifiables et virtuels : nombre de lits, passages aux urgences, admissions, consultations, activités médicales, nombre d’événements indésirables graves. Culture du chiffre et de la novlangue

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Ipad en classe. J’ai joué un bon tour à Apple

Mon problème, c’est la mobilité dans les amphis. Que voulez-vous, j’ai besoin de gérer la distance avec les étudiants, surtout s’ils sont nombreux. J’en ai assez des fils à la patte et de tous ces appareils soit-disant mobiles qui ne fonctionnent bien qu’en filaire. Tiennent-ils toujours leurs promesses alors que notre ère technologique redonne enfin la main aux enseignants. Tous les bidules sont censés servir nos visées pédagogiques, non ?

Je vous explique. J’ai les derniers bidules IPone et Ipad. C’est léger, sympa et ça marche la plupart du temps. Le problème, c’est que le discours d’Apple sur la communication entre ses bidules ne rencontre pas ses pratiques plutôt fermées. Je me passe de plus en plus de mon brave PC pour emmener mon IPad partout et projeter mes keynotes.  J’ai donc monté depuis quelque temps Keynote remote sur mon IPhone. Et là, je me heurte à une triste réalité : la plupart du temps, dans les IFSI par exemple, je n’ai pas de réseau wifi pour faire communiquer les bidules.

Pas de wifi ? Essayons le bluetooth. Bonne idée, sauf qu’Apple est sur la défense et craint tellement que je me passe d’ITunes pour échanger deux mp3 que les IPad et les IPhone ne se reconnaissent pas en bluetooth.  En gros, la connexion ne peut servir qu’à communiquer avec le système audio de ma voiture ou à utiliser un casque sans fil. C’est déjà très bien, soyons juste. Mais ma voiture reste souvent à la porte de l’amphi…

J’ai trouvé la solution, celle dont personne ne parle sur les forums consacrés à nos chers bidules, celle qu’Apple ne vous livrera que sous la torture. Sur chaque appareil, le bluetooth est activé. Lancez Keyynote remote et vous ouvrez la présentation dans Keynote. Dans ses réglages (la clé de 12) vous choisissez Avancé puis Télécommande. La première fois, vous aurez un code de jumelage à entrer. Et c’est fait. Les deux appareils continuent de se chercher et apparemment ils ne sont pas connectés mais tout fonctionne : ils affichent le symbole bluetooth mais font toujours semblant de s’ignorer. Vous pouvez faire défiler votre présentation, pardon votre pecha kucha, depuis les travées de l’amphi. C’est plus commode que de rester attaché à votre estrade, le doigt sur l’IPad ficelé au vidéoprojecteur, non ?  Dès lors, on comprendra pourquoi les tableaux blancs interactifs ont des soucis à se faire.

Mais pourquoi Apple fait-il compliqué alors que sa technique est si simple ?

 

Cher HAL… (Hyper articles en ligne)

J’avoue être fan… Je garde un beau souvenir des Odyssées de l’espace, série de quatre romans d’Arthur C. Clarke. L’adaptation au ciné « 2001, l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick est encore et toujours une référence, une icône. Disons le tout net : deux crans au dessus des Star wars. C’est discutable mais « C’est mon opinion et je la partage » comme disait Henri Monnier dans « Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme ».

HAL est l’ordinateur embarqué dans Discovery One. L’équipage enquête sur le signal émis par le monolithe lunaire. Le problème avec  HAL, c’ est que la mission lui tient trop à cœur et qu’il décidera que l’équipage humain est une gêne.

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Peut être connaissez-vous mieux HAL, Heuristically programmed ALgorithmic Computer sous son alias français : CARL, Cerveau Analytique de Recherche et de Liaison ? Il nous a tous fait trembler dans nos fauteuils de notre ciné de quartier.

Restons-en à HAL, et même un autre HAL : Hyper articles en ligne

Enfin, me direz-vous, voici le sujet de cet article : les archives ouvertes. Un mouvement en développement rapide. Je cite Joachim Schöpfel et Hélène Prost de l’université de Lille 3 : « La France figure parmi les pays fortement engagés dans le mouvement vers l’accès libre à l’information scientifique, par le biais de la communication scientifique directe, c’est-à-dire la mise en place d’archives ouvertes sur Internet et la création de revues gratuites en ligne.  »

J’utilise Hal pour :

  • déposer mes communications et articles. Je me souviens de mon premier dépôt comme une tentative immodeste de signaler mon existence. J’avais fait le plein d’auto-efficacité, encouragé par une première communication que je croyais réussie. J’ai découvert bien plus tard que HAL n’efface rien. Arghh.
  • m’abonner à la lettre d’information sur les nouvelles parutions. Je la reçois souvent le samedi à l’heure du laitier. La meilleure veille est matinale.
  • rechercher la connaissance disponible sur mes sujets de prédilection. Si seulement les collègues pouvaient déposer plus régulièrement et plus rapidement…

La lecture de l’ouvrage de Thierry Chanier m’avait décidé, dès 2004.

A ce jour, HAL contient plus de 140000 dépôts dont presque 30000 thèses. La part SHS est de presque un document sur cinq.  Hal, entre mine d’or et caverne d’Ali Baba.

Je viens de voir qu’un nouveau service est disponible : la création d’une page web selon les critères de son choix. Pas mal du tout…  et ça vient compléter le service d’exportation d’une liste de publications.

J’ai bien sûr testé avec mon compte, voici le résultat.

J’ai aussi consulté mes statistiques personnelles :

  • 33 documents déposés, d’inégale valeur…
  • La fiche concise de ma thèse a été la plus consultée (6485 fois), et le fichier complet est aussi le plus téléchargé : 428 fois en quatre ans.
  • La fiche étendue la plus lue est celle d’une communication au colloque du CREAD de 2008, signée avec Nathalie Alglave : « La formation infirmière à la croisée des chemins ».

Pas de doute, HAL est notre ami.

Mon arme préférée : le rasoir

Serais-je un serial killer ? J’ai passé une partie de mon été à jouer du rasoir. Du rasoir d’Ockham, s’entend.

Comme d’autres collègues, le suivi des mémoires ou des thèses est une saine occupation d’été. Cette année, j’ai particulièrement affuté mon rasoir pour trancher dans le vif. Allez savoir pourquoi, les étudiants ne recherchent pas toujours la simplicité et la fluidité du raisonnement. A moins qu’ils n’y parviennent qu’après de longs détours ?

Généralement à la quinzième page, je ressens souvent une pulsion incontrôlable. Irrésistiblement, ma main s’empare du rasoir, et là… je deviens philosophe. Guillaume d’Ockham a énoncé au XIVème siècle le principe de simplicité, ou de parcimonie, qui se formule ainsi : « Pluralitas non est ponenda sine necessitate ». Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité. Une variante lui est attribuée : « Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem ». Les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire.

Précieuse retenue du raisonnement… Plus une hypothèse est simple, plus elle est vraisemblable. Bien entendu, ce principe n’est pas d’une scientificité remarquable. J’ai déjà constaté que les sciences humaines et sociales reposaient sur une certaine complexité…

Je prends donc ce principe pour ce qu’il est : une approche pragmatique et opératoire de la construction des hypothèses. Ce qui me motive, c’est de faire éviter la multiplication inutile et brouillonne des notions, concepts et théories à l’intérieur des problématiques. La force de la démonstration logique est détruite par la collection de concepts juxtaposés paragraphe après paragraphe. Le rasoir d’Ockham devient une arme de destruction massive dans certains mémoires…

Il est difficile pour les étudiants (et pour nous, et pour moi…) de dégager clairement l’hypothèse la plus simple parmi toutes celles qui se présentent. Les étudiants boulimiques de lecture sont d’ailleurs les plus en danger : ils ont tellement envie de nous faire partager leurs lectures d’été.

Le rasoir d’Ockham est une arme puissante mais qui tranche à l’aveugle. Comment définir l’hypothèse « la plus simple » ? Quels sont les critères de la simplicité ? Nous avons à peine conscience d’un biais cognitif qui nous fait croire que le plus simple se trouve toujours sous nos yeux, ça se corse avec notre tendance naturelle à tout compliquer. Les ingénieurs savent la quantité de travail pour faire simple et élégant et rejeter la première solution, toujours la plus compliquée.

Drôle de métier que celui d’étudiant : il faut ignorer ce qui se présente spontanément au nom de visions du monde préconstruites et cheminer longtemps pour dégager la simplicité de sa gangue de complications. Dans ma pratique d’accompagnateur de mémoire, je suis sur le fil du rasoir. Je veux faciliter la simplicité et échapper au simplisme. Je veux faire rejeter le superflu mais je cherche des explications à la hauteur de la complexité des questions explorées.

J’ai besoin d’une théorie solide pour « sauver les apparences » comme disait Platon.

Les entretiens d’explicitation : oui, mais… 4/4

 

Plan de l’article

1. La vague des entretiens d’explicitation : faute de mieux ?

2. Quatre méthodes d’analyse de l’activité. De quoi parlons-nous ?

3. Pédagogiquement, que pouvons-nous faire de ces méthodes ?

4. Que faire des données collectées ? Quand la méthode ne saurait suffire…

Bibliographie

 

4. Que faire des données collectées ? Quand la méthode ne saurait suffire…

 

Supposons que l’intervention se soit déroulée selon les attentes du formateur. Des données ont été rassemblées et mises en forme. L’étape la plus cruciale arrive, celle de l’interprétation et de la reconstruction d’une globalité après les opérations de réduction et de séparation liées à l’analyse. Que pouvons-nous attendre de ces différentes méthodes ?

Un entretien d’explicitation sert essentiellement à redéfinir les actions passées en insistant sur la complexité de sa structuration. A l’issue de l’entretien, un résultat apparait : les « fenêtres attentionnelles » et les différentes  focalisation de l’attention sont repérées. Un « habitus personnel et culturel » guide et cadre nos fenêtres attentionnelles » et permet de répondre aux questions : « Que perçoit le professionnel ? Comment passe t-il d’un plan attentionnel à un autre au sein d’une situation ? ».  Certes, ce travail est fondamental en formation professionnelle soignante et chaque formateur sait bien combien les cadrages non fonctionnels peuvent faire de dégâts. Nous pensons par exemple au « coup d’œil de l’infirmier » dans la chambre du patient, compétence majeure si sensible à l’expérience. Or l’expérience forme mais elle est aussi susceptible de déformer… Continuer la lecture

Connaissez-vous les ECOS ? Une bonne manière d’évaluer les compétences cliniques

Cette après midi, je suis passé à la faculté des sciences de la santé de Sherbrooke. Nous avons parlé ECOS, « Examen clinique objectif structuré » ou « Évaluation clinique objective structurée ». Mais ce qui est une évidence au Québec ne l’est peut-être pas en France…. Si quelques facultés de médecine françaises utilisent ce type d’évaluation, à notre connaissance, en milieu paramédical, cette pratique d’évaluation n’est pas mise en œuvre.

Les ECOS représentent pourtant une des excellentes manières d’évaluer les compétences des soignants. Voici le mode d’emploi. Continuer la lecture

Les entretiens d’explicitation : oui, mais… 3/4

 

Plan de l’article
1. La vague des entretiens d’explicitation : faute de mieux ?
2. Quatre méthodes d’analyse de l’activité. De quoi parlons-nous ?
3. Pédagogiquement, que pouvons-nous faire de ces méthodes ?
4. Que faire des données collectées ? Quand la méthode ne saurait suffire…
Bibliographie

 

3. Pédagogiquement, que pouvons-nous faire de ces méthodes ?

 

La diversité des voies d’accès à l’activité autorise plusieurs formes d’interventions pédagogiques en écoles et instituts de formation paramédicales qui ne se limitent pas à l’exploitation de stage. Elles peuvent toutes y contribuer mais leur portée est bien plus large.

Pédagogiquement, la question des buts que nous poursuivons est déterminante. Quel est notre objectif ? Ce qui est désigné habituellement sous le vocable de « suivi pédagogiques » est la plupart du temps une forme floue et imprécise. Nous pouvons par exemple orienter le suivi vers une approche compréhensive de l’activité et s’en contenter. C’est même tout à fait utile dans le cas de novices qui découvrent l’activité professionnelle : la leur et celle de leurs collègues expérimentés. C’est insuffisant si la perspective est d’améliorer la performance, d’agir dans des situations nouvelles ou imprévues, d’interagir au service d’un patient avec d’autres professionnels du soin. Autrement dit, on peut très bien connaitre l’activité sans vouloir former les apprenants… L’analyse de l’activité est une condition nécessaire mais pas suffisante, il manque une intervention didactique qui va retenir la méthode la plus efficace au service des intentions de formation. Continuer la lecture

Autonomie et tutorat à distance ?

 

C’est toujours un plaisir de lire un blog qui reprend un de nos travaux universitaires, toujours un peu ardu et pas obligatoirement orienté vers les pratiques quotidiennes.  Donc merci, Jacques Rodet, pour ton article de janvier A propos des dimensions constitutives de l’autonomie, lu ce soir dans la touffeur  du Québec.

Un peu de distance est utile pour ces choses là et j’avoue avoir relu avec curiosité l’article de Brigitte Albero et moi-même : La compétence en formation. Entre instrumentalisation de la notion et instrumentation de l’activité paru dans le n° 296 de la revue Éducation et formation, en décembre 2011.

Oui, 10 fois oui, je suis d’accord avec ton analyse :

« J’en tire les points suivants :

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Les entretiens d’explicitation : oui, mais… 2/4

Plan de l’article
1. La vague des entretiens d’explicitation : faute de mieux ?
2. Quatre méthodes d’analyse de l’activité. De quoi parlons-nous ?
3. Pédagogiquement, que pouvons-nous faire de ces méthodes ?
4. Que faire des données collectées ? Quand la méthode ne saurait suffire…
Bibliographie

2. Quatre méthodes d’analyse de l’activité. De quoi parlons-nous ?

Les entretiens d’explicitation n’ont pas été inscrits dans un projet de recherche, au moins dans un premier temps, et ils ne reposaient pas sur une perspective théorique très précise : Pierre Vermersch a tout d’abord bâti une pratique de questionnement efficace. les entretiens d’explicitation servent essentiellement à transcrire les séquences d’une action ordonnées dans le temps. Continuer la lecture

Quatre critères simples pour évaluer les compétences des IADE

Dans le deuxième billet sur l’évaluation des compétences des IADE, nous nous interrogions sur les méthodes du formateur et les modes d’évaluation suggérés par la didactique professionnelle. Ici, nous traiterons de la question des critères d’évaluation de la compétence.

La compétence est une adaptation aux situations

Comme la connaissance (ou l’intelligence ?) la compétence est adaptation. Nous apprenons et nous développons nos compétences parce que nous devons nous adapter. La diversité des situations est à la fois une source de stimulations inépuisables et un puissant facteur d’adaptation.
La compétence ne se limite pas à savoir faire quelque chose mais à réussir régulièrement dans des situations qui présentent des caractéristiques communes. La compétence est bien un processus d’adaptation aux variations des situations rencontrées dans le but d’obtenir des performances régulières et reproductibles. Continuer la lecture

Les entretiens d’explicitation : oui, mais… 1/4

 

Plan de l’article (publié en quatre billets successifs)

1. La vague des entretiens d’explicitation : faute de mieux ?

2. Quatre méthodes d’analyse de l’activité. De quoi parlons-nous ?

3. Pédagogiquement, que pouvons-nous faire de ces méthodes ?

4. Que faire des données collectées ? Quand la méthode ne saurait suffire…

Bibliographie

 

Il existe aujourd’hui, dans les IFSI, une demande sociale très forte d’information sur l’activité. Pour autant, s’informer sur l’activité professionnelle ne suffit pas à former des compétences. Mieux connaître l’activité est une condition nécessaire mais non suffisante au développement des compétences professionnelles. Cet article va montrer qu’il existe tout d’abord plusieurs façons de faire de l’analyse de l’activité et, ensuite, que toutes ces manières de faire ne sont pas équivalentes du point de vue de la formation des compétences professionnelles. Continuer la lecture

Les règles d’or de l’évaluation des compétences des IADE

 

Nous avons vu dans un précédent billet que pour des activités à risque comme la pratique des infirmiers anesthésistes (IADE), il était nécessaire de réfléchir sur le flou acceptable ou sur le niveau de fiabilité de l’évaluation. Nous allons voir maintenant que l’évaluation des compétences ne ressemble peut-être pas à une autre évaluation. Continuer la lecture

Réforme de la formation des IADE Comment évaluer les compétences ?

Nouveau et intéressant

L’arrêté fixant le nouveau programme d’études conduisant au diplôme d’État d’infirmier anesthésiste, permettant l’attribution du grade de master, est paru le 29 juillet 2012. La future promotion d’infirmiers IADE est concernée, dès septembre.

Les Écoles et les professionnels ont finalement obtenu que le ministère renonce au « portfolio », outil d’évaluation du parcours et des compétences en formation initiale des infirmiers. De l’avis de tous, ce document avait manqué sa cible et ne permettait pas d’évaluer clairement les acquis professionnels. Bien entendu, il n’est pas question de renoncer à les évaluer et encore moins de former les professionnels, formateurs ou cadres des services, à l’ingénierie des compétences. Continuer la lecture

Atelier sur les référentiels – Journées de l’ADMEE

Lors des journées de l’ADMEE,  j’ai proposé trois niveaux d’évaluation des compétences :

  1.  Un niveau macro, qui définit la conception et la politique de formation. Il n’y a pas dans ce dernier une approche des compétences. Toutefois, il y a un lien de pertinence entre formation, compétence et diplôme.
  2. Un niveau méso, qui a un degré de liberté dans l’évaluation des compétences. En effet, le jury peut « bricoler » les épreuves d’évaluation. Il est plus question d’épreuves d’intégration donc il faut prendre des mesures pour ce qu’on prétend mesurer.
  3. Un niveau micro, qui est une évaluation basée sur le feed back et la socialisation.

Lire la suite et la source sur http://evaluationdescompetences.blogspot.fr/2010/11/atelier-sur-les-referentiels-par-marc.html

Classe ouverte ! La didactique professionnelle pour tous

Le master 2 IPFA de l’Université de Paris Ouest Nanterre la Défense, conventionné par l’ANFH, accueille un groupe de cadres de santé formateurs et de responsables de formation. C’est une belle occasion de découvrir la place de la didactique professionnelle dans l’ingénierie didactique.
Plutôt que de garder tout ça pour nous, nous avons envie de vous le faire partager. Mais aussi, et surtout, d’ouvrir le cours à ceux qui voudraient nous rejoindre. Abattre les cloisons des salles de classe n’est pas une innovation mais les médias sociaux autorisent bien des libertés pédagogiques nouvelles… Continuer la lecture

Les apprentissages des adultes, perspectives internationales

 

Equipe Apprenance et formation des adultes
Cref (EA 1589) – UFR SPSE – Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Mercredi 30 Mai 2012

Les apprentissages des adultes, perspectives internationales

Bâtiment S (Staps) – Amphi S2

9 :00 Accueil
9 :30 Ouverture par Christophe Bréchet, Vice-président, Université Paris Ouest
• Philippe Carré, Université Paris Ouest : Présentation de la journée
10 :00 Session 1 – Accompagner les apprentissages des adultes
• Roger Hiemstra, Syracuse University (USA) : Faciliter les apprentissages autodirigés
• Kathleen King, University of Southern Florida (USA) : L’apprentissage des adultes à l’ère digitale
• Jean-François Roussel, Université de Sherbrooke, Montréal (Canada) : Faciliter les apprentissages dans l’entreprise 14 :00 Session 2 – Apprendre tout au large de la vie
• Arvind Singhal, University of Texas, El Paso (USA) : La déviance positive : de l’apprentissage au changement social
• Jesus Arroyave, Universidad del Norte, Barranquilla (Colombia) : Effets des medias et apprentissages des adultes : le cas de l’Entertainment Education.
• Olivier Las Vergnas, Universcience, Paris (France) : L’apprentissage tout au long de la vie, entre travail et loisirs
17 :00 Fin de la journée

Des universitaires prêts à revoir leur conception de la compétence

 Merci à Promosciences de m’avoir invité à ouvrir le colloque.

Colloque Promosciences. Nantes, 2012.
http://spiral.univ-lyon1.fr/files_m/M7098/Files/896871_277.pdf

Les compétences transversales. Formaliser l’informel ?
Marc Nagels

Compétences transversales et apprentissage non formel
La conférence prend appui sur l’arrêté du premier août 2011 relatif à la licence et commence par apporter quelques repères sur la compétence, notamment pour interroger les compétences transversales comme des compétences particulières et distinctes. Représentent-elles vraiment une classe de compétences tout à fait spécifique ?
Les compétences transversales font l’objet depuis plusieurs années d’un discours social très prescriptif. Continuer la lecture

Pédagogie médicale

La revue Pédagogie médicale, nov 2011, veut aborder le raisonnement clinique d’un point de vue pédagogique. http://is.gd/NuT85j

Le raisonnement clinique est d’ailleurs quasiment définit comme on le ferait d’une compétence : maîtrise de connaissances et d’habiletés multiples, relation forte au contexte et aux situations, processus mentaux adaptatifs, etc.
A noter un nouvel article sur l’évaluation clinique de l’efficacité de l’entraînement sur simulateur.

Intervention au CEEIADE 2012

Heureux d’avoir pu nourrir la réflexion du CEEIADE sur l’évaluation des compétences en stage. L’idée de la conférence était de proposer une vision globale de la compétence pour ne pas séparer artificiellement le processus d’apprentissage des compétences de l’évaluation de ces mêmes compétences. Continuer la lecture