L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient (5/5)

L’entretien de corégulation en éducation thérapeutique du patient. Analyser la coopération soignant-soigné.

Ce texte sera publié en 5 chapitres successifs et sera téléchargeable à l’issue du dernier numéro  :

1- Le contexte de l’éducation thérapeutique du patient

2- L’éducation thérapeutique du patient est une relation de service

3- Co-analyser l’activité d’éducation thérapeutique du patient

4- L’entretien de corégulation, proposition de méthode

5- Conclusion et bibliographie

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5  Conclusion

Il nous apparait, en conclusion que le processus de corégulation des entretiens d’éducation thérapeutique est essentiellement une démarche d’élicitation. Le but de la démarche, dans le contexte d’une relation de service si particulière, est d’amener autrui à statuer sur des hypothèses qui concernent, de part et d’autre, les moyens d’une coopération efficace. En quelque sorte, il s’agit d’arracher à l’autre sa part de vérité pour réguler les actions des deux protagonistes.

Plusieurs facteurs concourent ici à la réussite d’une élicitation mutuelle. Comme le remarque Willemien Visser à propos des connaissances expertes (Visser, 2006), l’étude est menée en situation, ce qui est préférable à une étude hors situation et qui obligerait à reconstruire de mémoire. Dans ce dernier cas, pour comprendre les structures de connaissances des soignants ou des patients il serait nécessaire de procéder à l’aide d’entretiens d’explicitation (Vermersch, 2004) mais les modalités de mise en œuvre ne seraient pas accessibles. Or, nous disposons du film de l’entretien d’éducation. Nous pouvons donc analyser le produit final si utile pour comprendre les raisonnements qui ont conduit à cette réalisation et les modes de réajustement en situation.

La présence du patient dans l’analyse de la relation de service est plus originale. Elle est pour nous essentielle. Au-delà des informations inestimables que le patient apporte à l’analyse, sa présence est cohérente avec les courants les plus avancés de l’éducation thérapeutique du patient, favorables à un patient agentique qui prend en main son devenir et qui gère sa santé dans la maladie.

Les rôles sont renversés, le patient prend sa part de la coopération et y participe activement. Cantonné jusque ces dernières années à l’approbation du traitement et à la révérence au médecin, le patient peut stimuler le soignant pour produire ses connaissances. Après tout, il est légitime de penser que le patient est expert de lui-même, tout juste faut-il l’aider à expliciter ses connaissances.

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