Archives par étiquette : recherche

Émotions et apprentissage

Les rapports de l’enquête quantitative et qualitative sont disponibles ICI.

Cette recherche « Émotions et apprentissage » repose sur l’idée que l’apprentissage en formation paramédicale et les émotions s’influencent réciproquement. Depuis Darwin, nous savons que les émotions sont universelles, présentes dans toutes les cultures, et qu’elles ont une finalité adaptative. Les émotions représentent des facteurs favorables ou défavorables à l’apprentissage en agissant sur les conditions environnementales et comportementales des étudiants. Les évaluations que les étudiants font de leurs apprentissages procurent des émotions et des feed-back sur la valeur des apprentissages et sur les stratégies cognitives à développer.

Pour un étudiant paramédical, l’apprentissage recouvre des évolutions complexes qui ne se limitent pas aux acquis mesurés en formation. L’apprentissage est une adaptation à l’environnement, il produit des interactions entre l‘apprenant et son milieu. Apprendre est un développement mais aussi une mise en cause des anciennes certitudes. Des émotions ne manquent pas de survenir tout au long de ce processus.

Photo credit: timefornurses on VisualHunt / CC BY-SA

Pour cette recherche, nous avons repris le questionnaire de Pekrun et de ses collaborateurs :  Achievement Emotions Questionnaire (AEQ) qui analyse les motions suivantes : l’anxiété, le plaisir, l’espoir, la fierté, la colère, la honte et l’ennui.

Dans une première phase de la recherche, nous avons collecté 4 000 réponses au questionnaire pour comparer les émotions perçues entre les CM et TD, d’une part, et avec les simulations de masse, d’autre part. Cette fois, il s’agissait de cibler spécifiquement le stage comme pourvoyeur d’émotions et d’examiner sa spécificité à coté des cours et des simulations de masse. Nous obtenons aujourd’hui un total de 5168 réponses valides.

Ce billet de blog  donne accès aux analyses transversales et spécifiques à certains établissements de formation. Il donnera également accès aux textes qui paraitront ultérieurement et aux propositions d’action de formation qui ne maqueront pas d’arriver. Des mises à jour sont donc encore prévues.

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Tour de passe-passe (statistique) et auto-efficacité

Je m’intéresse depuis plusieurs années à l’auto-efficacité, notamment l’auto-efficacité au travail. Cette variable cognitive est un invariant anthropologique plus prédictif du comportement humain que les autres. La mesurer apporte une information précieuse sur l’effectivité des comportements mais aussi sur leur réussite probable. Intéressons-nous de près à sa mesure. Continuer la lecture

La notion de situation en didactique professionnelle

Cet article regroupe une partie de mes interventions lors de la journée nantaise de didactique professionnelle du 6 novembre 2015.

Aucune formation professionnelle ne saurait se plus se passer aujourd’hui de la notion de situation. Son utilité est indéniable pour guider le travail et les raisonnements qui accompagnent la performance au travail. La performance ou la compétence ne sont pas seulement le fait du sujet, ils tiennent à la relation entre le sujet et la situation. Continuer la lecture

Fécondation croisée de deux théories : la théorie sociocognitive et la conceptualisation dans l’action. Application à la formation à l’éthique du soin

Il y a dix ans, j’ai eu l’intuition que la théorie sociocognitive, développée en Amérique du Nord par Albert Bandura (2001) et de nombreuses équipes éclairait pour partie les comportements humains mais qu’une autre part des déterminants de l’activité humaine restait dans l’ombre. Il me semblait que la théorie de la conceptualisation dans l’action (Vergnaud, 1990), laquelle représente une des influences fondatrices de la didactique professionnelle, pouvait préciser certains déterminants purement internes au sujet dans sa relation aux situations de travail. Continuer la lecture

Journée nantaise de didactique professionnelle

Le 6 novembre 2015 se tiendra une belle journée de didactique professionnelle, organisée par le Département des instituts de formation (DIF) du CHU de Nantes.

Collaboration chercheurs-praticiens

En proposant le principe de cette journée, j’ai voulu mettre l’accent sur la rencontre entre les praticiens de la santé et les chercheurs. Concrètement, j’ai souhaité aller plus loin que la simple formule colloque où les chercheurs parlent et les praticiens écoutent et s’autorisent à poser une question à la fin de la communication. Continuer la lecture

Les règles du jeu

Le travail est-il un jeu comme les autres ?

À l’évidence, non. Toutefois, le travail comme le jeu repose sur des règles qu’il faut bien interpréter. Une part de la compétence réside d’ailleurs dans l’interprétation des règles et dans la capacité du professionnel à mettre la situation à sa main. C’est indispensable à l’action efficace : le « sujet capable » joue avec la règle dans le but d’augmenter son « pouvoir d’agir » en situation. Continuer la lecture

Trouver son sujet en 30 minutes et une carte mentale

Vous n’en pouvez plus de votre problématique ? Votre mémoire commence à vous sortir par les yeux ? Vous ne voyez plus comment ordonner tout votre matériel ? Ne renoncez pas à votre mémoire,  pensez autrement. Pensez « réseau ». Voici une petite méthode personnelle qui me correspond bien. J’aime croire qu’une problématique se conçoit en 30 minutes.  Continuer la lecture

Valorisation de la recherche des cadres de santé formateurs

Les formateurs en IFSI désormais titulaires d’un master (ou presque tous…)

De nombreux cadres de santé formateurs exerçant en IFSI ou dans d’autres écoles paramédicales suivent et réussissent des masters, essentiellement en sciences de l’éducation. Quels sont les effets de ces nombreux départs en formation ? Les pratiques professionnelles changent-elles lorsque ces formateurs expérimentés reviennent sur les terrains ? Ont-ils acquis des connaissances nouvelles ? Leur professionnalisation a-t-elle été impactée ? Le master a-t-il été source de développement personnel et de construction de compétences ? Assurant moi-même la coordination d’un master 2 pour ces publics (master 2 IPFA, université de Paris-Ouest Nanterre la Défense), ces questions me trottaient dans la tête lorsque j’ai répondu à la sollicitation du CEFIEC, CER 2 en Île de France, pour animer une journée de présentation des recherches. Continuer la lecture

2014. Les bonnes résolutions de 17 Mars Conseil

Les bonnes résolutions mais aussi mes vœux à tous ceux que j’ai eu le plaisir de croiser pour une heure ou pour une plus longue collaboration en 2013.
Année riche en événements et en belles rencontres : la didactique professionnelle à la une mais aussi des chantiers de recherche ouverts, sans même que nous n’y prenions garde.
2014 commence aussi « Fast and furious » que 2013 s’est terminée, c’est dire…

Mes meilleurs vœux et portez-vous bien.

Voeux 2014

E-learning en formation initiale en soins infirmiers. Les conditions d’une réussite.

Quelles sont  les conditions pour concevoir avec succès des ressources de type e-learning destinées à des étudiants infirmiers ? Retour d’expérience d’une cadre de santé formatrice à l’occasion d’un master en sciences de l’éducation. Continuer la lecture

Zotero et mon blog

Le quart d’heure techno, c’est maintenant…

J’utilise ordinairement Zotero pour gérer mes 1100 références. C’est indispensable lors de l’écriture d’articles : le formatage de la bibliographie aux normes APA ne me passionne pas plus que cela et Zotero s’en charge agréablement pour moi. Or, il m’est déjà arrivé d’indiquer des références bibliographiques lors d’articles précédents sur ce blog. Continuer la lecture

Cher HAL… (Hyper articles en ligne)

J’avoue être fan… Je garde un beau souvenir des Odyssées de l’espace, série de quatre romans d’Arthur C. Clarke. L’adaptation au ciné « 2001, l’odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick est encore et toujours une référence, une icône. Disons le tout net : deux crans au dessus des Star wars. C’est discutable mais « C’est mon opinion et je la partage » comme disait Henri Monnier dans « Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme ».

HAL est l’ordinateur embarqué dans Discovery One. L’équipage enquête sur le signal émis par le monolithe lunaire. Le problème avec  HAL, c’ est que la mission lui tient trop à cœur et qu’il décidera que l’équipage humain est une gêne.

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Peut être connaissez-vous mieux HAL, Heuristically programmed ALgorithmic Computer sous son alias français : CARL, Cerveau Analytique de Recherche et de Liaison ? Il nous a tous fait trembler dans nos fauteuils de notre ciné de quartier.

Restons-en à HAL, et même un autre HAL : Hyper articles en ligne

Enfin, me direz-vous, voici le sujet de cet article : les archives ouvertes. Un mouvement en développement rapide. Je cite Joachim Schöpfel et Hélène Prost de l’université de Lille 3 : « La France figure parmi les pays fortement engagés dans le mouvement vers l’accès libre à l’information scientifique, par le biais de la communication scientifique directe, c’est-à-dire la mise en place d’archives ouvertes sur Internet et la création de revues gratuites en ligne.  »

J’utilise Hal pour :

  • déposer mes communications et articles. Je me souviens de mon premier dépôt comme une tentative immodeste de signaler mon existence. J’avais fait le plein d’auto-efficacité, encouragé par une première communication que je croyais réussie. J’ai découvert bien plus tard que HAL n’efface rien. Arghh.
  • m’abonner à la lettre d’information sur les nouvelles parutions. Je la reçois souvent le samedi à l’heure du laitier. La meilleure veille est matinale.
  • rechercher la connaissance disponible sur mes sujets de prédilection. Si seulement les collègues pouvaient déposer plus régulièrement et plus rapidement…

La lecture de l’ouvrage de Thierry Chanier m’avait décidé, dès 2004.

A ce jour, HAL contient plus de 140000 dépôts dont presque 30000 thèses. La part SHS est de presque un document sur cinq.  Hal, entre mine d’or et caverne d’Ali Baba.

Je viens de voir qu’un nouveau service est disponible : la création d’une page web selon les critères de son choix. Pas mal du tout…  et ça vient compléter le service d’exportation d’une liste de publications.

J’ai bien sûr testé avec mon compte, voici le résultat.

J’ai aussi consulté mes statistiques personnelles :

  • 33 documents déposés, d’inégale valeur…
  • La fiche concise de ma thèse a été la plus consultée (6485 fois), et le fichier complet est aussi le plus téléchargé : 428 fois en quatre ans.
  • La fiche étendue la plus lue est celle d’une communication au colloque du CREAD de 2008, signée avec Nathalie Alglave : « La formation infirmière à la croisée des chemins ».

Pas de doute, HAL est notre ami.

Mon arme préférée : le rasoir

Serais-je un serial killer ? J’ai passé une partie de mon été à jouer du rasoir. Du rasoir d’Ockham, s’entend.

Comme d’autres collègues, le suivi des mémoires ou des thèses est une saine occupation d’été. Cette année, j’ai particulièrement affuté mon rasoir pour trancher dans le vif. Allez savoir pourquoi, les étudiants ne recherchent pas toujours la simplicité et la fluidité du raisonnement. A moins qu’ils n’y parviennent qu’après de longs détours ?

Généralement à la quinzième page, je ressens souvent une pulsion incontrôlable. Irrésistiblement, ma main s’empare du rasoir, et là… je deviens philosophe. Guillaume d’Ockham a énoncé au XIVème siècle le principe de simplicité, ou de parcimonie, qui se formule ainsi : « Pluralitas non est ponenda sine necessitate ». Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité. Une variante lui est attribuée : « Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem ». Les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire.

Précieuse retenue du raisonnement… Plus une hypothèse est simple, plus elle est vraisemblable. Bien entendu, ce principe n’est pas d’une scientificité remarquable. J’ai déjà constaté que les sciences humaines et sociales reposaient sur une certaine complexité…

Je prends donc ce principe pour ce qu’il est : une approche pragmatique et opératoire de la construction des hypothèses. Ce qui me motive, c’est de faire éviter la multiplication inutile et brouillonne des notions, concepts et théories à l’intérieur des problématiques. La force de la démonstration logique est détruite par la collection de concepts juxtaposés paragraphe après paragraphe. Le rasoir d’Ockham devient une arme de destruction massive dans certains mémoires…

Il est difficile pour les étudiants (et pour nous, et pour moi…) de dégager clairement l’hypothèse la plus simple parmi toutes celles qui se présentent. Les étudiants boulimiques de lecture sont d’ailleurs les plus en danger : ils ont tellement envie de nous faire partager leurs lectures d’été.

Le rasoir d’Ockham est une arme puissante mais qui tranche à l’aveugle. Comment définir l’hypothèse « la plus simple » ? Quels sont les critères de la simplicité ? Nous avons à peine conscience d’un biais cognitif qui nous fait croire que le plus simple se trouve toujours sous nos yeux, ça se corse avec notre tendance naturelle à tout compliquer. Les ingénieurs savent la quantité de travail pour faire simple et élégant et rejeter la première solution, toujours la plus compliquée.

Drôle de métier que celui d’étudiant : il faut ignorer ce qui se présente spontanément au nom de visions du monde préconstruites et cheminer longtemps pour dégager la simplicité de sa gangue de complications. Dans ma pratique d’accompagnateur de mémoire, je suis sur le fil du rasoir. Je veux faciliter la simplicité et échapper au simplisme. Je veux faire rejeter le superflu mais je cherche des explications à la hauteur de la complexité des questions explorées.

J’ai besoin d’une théorie solide pour « sauver les apparences » comme disait Platon.